Club de lecture: mars 2024

Ils ont eu un coup de coeur et vous le partagent. Des idées de lecture pour vous!

 « Moi qui n’ai pas connu les hommes », roman de Jacqueline Harpman
Ce livre ne vous laissera pas indifférent. On l’aime ou on le déteste. C’est un écrit atypique, très fort et prenant. Dans une cave en pierre se trouve une cage occupée par 40 femmes (dont une petite fille). Des gardiens tournent autour et tentent d’empêcher qu’elles échangent entre elles. Elles n’ont aucune idée de la raison de leur présence ici, et le lecteur non plus. Au gré des chapitres, elles vont sortir et découvrir le reste du monde, réduit à l’état de désert. Débute leur errance, elles découvrent d’autres grottes, d’autres cages. La fillette devient une jeune femme, qui cherche à comprendre ce monde. Un roman qui nous conduit à nous poser des questions philosophiques sur la vie, le temps qui passe, l’importance des repères temporels, de l’intimité, etc.  
« Vie et destin », roman de Vassili Grossman
L’auteur a suivi les troupes soviétiques en tant que correspondant de guerre et écrivain. Dans la lignée des grands auteurs russes, c’est une grande fresque qui se passe pendant la bataille de Stalingrad. Ce livre a été sauvé grâce à un manuscrit confié à un ami. Le récit met en scène des personnages historiques, d’autres fictionnels, en 1942. Il dénonce autant le totalitarisme nazi que soviétique et raconte comment l’idéal de communistes croyant en un idéal s’est écroulé car cette idéologie, à l’épreuve du terrain, s’est avérée dictatoriale. (En deux tomes, « Pour une juste cause » est le 1er)
  « La foudre », roman de Pierric Bailly
Un berger du Jura, solitaire, habitué à partir 5 mois dans les alpages, lit un article sur un ami d’enfance condamné par la justice. Il reprend contact avec l’épouse et se rapproche d’elle. Nouer une nouvelle relation ou s’installer avec l’amie avec laquelle il sortait. Partir en ville ou rester sur son terrain en montagne ? Le personnage semble faire les mauvais choix, irrésolu, toujours rattrapé par des histoires du passé non résolues.     Un roman en lice pour le Prix du livre Inter 2024 .            
« Les doigts coupés », polar de Hannelore Cayre
Dans ce polar pré-historique, on voyage dans le temps entre l’époque des homos sapiens et nos jours. Toujours avec l’humour de l’auteure de « La daronne » et de « Commis d’office ».  Elle s’est très bien documentée sur les dernières recherches indiquant que, contrairement aux partis pris machistes des archéologues avant le XXIe siècle, les femmes n’étaient pas cantonnées à garder le feu et les enfants. La mesure des tailles des mains dont les traces ont été trouvées sur les peintures rupestres prouvent qu’elles faisaient partie des artistes, notamment. Dans le roman, on suit les découvertes d’une femme pré-historique déterminée à explorer son environnement, contre les avertissements d’un chef de clan attaché aux traditions.  
« 14 », roman de Jean Echenoz
Toute l’horreur de la guerre, en 87 pages. Il n’y a pas un mot de trop dans l’écriture de cet auteur au style bref et de qualité. On y suit la destinée de deux frères vendéens et leurs amis, déterminés à en finir vite avec la Première Guerre mondiale et qui vont s’aider sur le terrain autant que faire se peut. Une force d’évocation admirable.                  
« Sarek », polar d’Ulf Kvensler
Ulf Kvensler, auteur suédois, vient de sortir en grand format son second roman, « Au nom du père ». Il fait partie de nos 3 vœux pour un invité Place 26 aux Boréales de cet automne.   En Suède, une femme se réveille sur son lit d’hôpital. Elle a été sauvée à l’issue d’une randonnée meurtrière. Les chapitres se succèdent entre interrogatoire par un policier, et déroulement de la randonnée en question. Le récit de la balade qui a viré au cauchemar est très angoissant car un invité surprise s’immisce dans la randonnée et va tout faire déraper. C’est un thriller dont la fin est surprenante. On se demande jusqu’au bout si la principale protagoniste a affabulé ou si sa version est réelle.
« Manolis », roman graphique de Glykos et Dubuisson
En 1923, les Turcs contraignent les Grecs d’Asie à un exil forcé. Manolis est un petit garçon qui se réfugie en Crète. Le livre raconte la façon dont les Grecs ont mal accueilli d’autres Grecs chassés de chez eux. Le dessin retranscrit avec une grande acuité les émotions des personnages. On comprend comment un enfant devient un homme à travers ce récit.  

Prochaine rencontre: mercredi 24 avril à 19 h